RECREER DIEU ?

Nous avons tout essayé pour améliorer la condition humaine et, certes, il y a de fortes avancées, surtout sur le plan matériel. Cependant, il reste beaucoup à faire pour installer "l'âge d'or". Est-ce seulement possible ? Contentons-nous d'un mot moins ambitieux : la PAIX sur terre. À mon avis, elle découle essentiellement de nos idées reçues et véhiculées par toutes les religions. Si j'ai raison, une voie est possible :

L'issue radicale, c'est de changer l'idée que nous nous faisons de Dieu.

Mais pour créer un Dieu digne de ce nom, il faut d'abord le concevoir, puis le laisser s'exprimer, et pour cela lui donner corps... à travers le nôtre.

"Ces idées, telles qu'elles s'expriment à travers vous, créent le gabarit, établissent le décor, servent de modèle pour vous permettre d'atteindre le palier suivant de l'expérience humaine." (CAD)

C'est ce que nous vivons en ce moment. Lorsque Marc Dutroux a été arrêté, tout le peuple belge a envahi les rues silencieusement, et cette "marche blanche" a créé le gabarit dont il est question dans la citation. Quand toute la population espagnole s'est déployée dans les villes de tout le pays, suite aux attentats du 11 Mars 2004, la race humaine a établi un nouveau décor, qui va servir de modèle pour atteindre le palier suivant de notre évolution.

"Ce que vous pensez, vous le créez..." = Le terroriste pense la haine et crée les bombes. Mais le peuple rejette l'horreur du sadisme et de la barbarie.
"Ce que vous créez, vous le devenez..." = Le terroriste crée les bombes et devient un meurtrier. Mais le peuple refuse ce fonctionnement et manifeste ainsi son humanité.
"Ce que vous devenez, vous l'exprimez..." = Le terroriste devient un meurtrier et exprime son fanatisme. Mais le peuple qui opte pour l'humanité demande la paix.
"Ce que vous exprimez, vous en faites l'expérience..."= Le terroriste exprime son fanatisme, et expérimente la mort ou la prison. mais le peuple demande la paix et en fait l'expérience dans une manifestation émouvante, liée à la vie et à la liberté.
"Ce dont vous faites l'expérience, vous l'êtes..."= Le terroriste sème la mort, comme un animal, soumis à la loi du plus fort. Le peuple expérimente la tolérance, et affiche son humanité.
"Ce que vous êtes, vous le pensez..." = Le terroriste, identifié à son ego-assassin, pense la terreur et la haine. Le peuple s'identifie à son âme, et choisit l'humanité et l'ouverture.
"Le cercle est complet." = Tandis que le terroriste s'enfonce dans son propre piège, le peuple repart pour un nouveau cycle, plus humain que le précédent, pour continuer à gagner en humanité.

On peut lire dans les CAD :

"L'unique travail dans lequel vous êtes engagés vient tout juste de commencer, car maintenant, enfin, vous comprenez ce que vous faites. C'est vous qui vous êtes amenés à savoir cela, c'est vous tous qui vous êtes amenés à vous en préoccuper. Et vous vous préoccupez vraiment, maintenant plus que jamais, de qui vous êtes vraiment. Car maintenant, enfin, vous voyez l'ensemble du tableau."
= C'est flagrant, me semble-t-il, à travers ces marches pacifistes des peuples, dans tous les pays européens. Et à travers la révolte des peuples dans les pays totalitaires du moyen-Orient. On sent là quelque chose qui les porte, et qui est de l'ordre d'un humanisme enfin prêt à effacer tous les intégrismes religieux, et surtout capable de le faire. Nous sommes sur le point de devenir qui nous sommes vraiment : Dieu, c'est-à-dire notre âme, qui est en nous.
"Qui vous êtes, Je le suis. Vous êtes en train de définir Dieu."

= Quel Dieu voulons-nous ? Qui voulons-nous être ? Chacun d'entre nous répond à cette question par ses pensées, ses paroles et ses actions. Car Dieu est la vie, à l'intérieur de tous les êtres vivants. Les animaux sont programmés pour vivre selon la loi du plus fort. Mais l'homme qui suit cette loi se conduit comme un animal. Si nous avons une spécificité, elle est humaine, et fondée sur la loi du coeur. Dieu s'exprime en nous, à travers nous, comme il s'exprime à travers la vie animale. C'est à nous de décider, chacun avec sa conscience, si nous nous satisfaisons d'être des animaux ou si nous préférons devenir réellement des humains.

A mon sens, notre plus belle définition est celle de "l'homme accompli". Jésus avait dit :

"Je ne suis pas venu abolir les Ecritures, je suis venu les accomplir."

A l'époque, il était un être humain capable de le faire, mais il était le seul...ou presque ! Aujourd'hui, nous y sommes tous prêts, tout au moins un grand nombre d'entre nous.

"Je vous ai envoyés - vous, une part bénie de moi - dans la forme physique, afin de me connaître de façon expérientielle tout comme Je sais ce que Je suis de façon conceptuelle. La vie est pour Dieu un outil qui lui sert à transformer le concept en expérience. Elle vous servira à faire de même. Car vous êtes Dieu, en train de faire cela." (CAD)

Cela pourrait expliquer pourquoi nous sommes si heureux lorsque nous avons accompli une 'bonne' action... C'est que notre âme-Dieu touche enfin du doigt (si j'ose dire) sa propre bonté, elle l'expérimente, et elle se reconnaît enfin ! Quel raccourci, quel rapprochement...

D'une certaine façon, cela est entériné par l'Eglise catholique qui, Il y a quelques années, a autorisé ses fidèles à tutoyer Dieu... "Notre Père qui es au ciel..." Aujourd'hui, d'après ce livre, nous pourrions dire : Mon Dieu, toi qui es en moi... Non : Mon âme, qui es en moi. Car chacun a la sienne, et c'est la somme de toutes, qui finalement, fait Dieu. D'où l'intérêt de respecter chaque être humain, puisque chacun abrite Dieu en lui.

"La semence de Dieu est en nous. Etant donné un fermier intelligent et laborieux, elle prospèrera et grandira pour devenir Dieu dont elle est la semence ; et en conséquence, les fruits en seront la nature divine. Les semences de poires deviennent des poiriers, les semences de noix deviennent des noyers, et la semence de Dieu devient Dieu."

Maître Eckhart (qui a écrit ces lignes) était un mystique du XIII° siècle, dont le Pape condamna les théories. Il échappa de peu au bûcher des hérétiques.

Pourtant, mon âme, c'est moi. Par chacune de mes pensées, par chacune de mes paroles, par chacun de mes actes, Je définis Celui qui est en moi, et Je l'oblige à se manifester soit comme un Dieu de haine (la loi animale du plus fort, outil de l'ego), soit comme un Dieu d'amour (l'humanité, outil de notre âme). Le plus étonnant, c'est que pour Lui, cela n'a aucune importance, puisque, de toute façon, il est à l'origine de tout, et que sa Création est parfaite, qu'elle soit minérale, végétale, animale ou humaine. Par ailleurs, le temps n'existe pas pour Lui : il a donc le temps... paradoxalement ! C'est nous qui devrions être pressés, car toute la souffrance que nous subissons, est engendrée par cette confusion terrible entre notre âme et notre ego.

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