REVE 99

Suite de l'histoire d'Audrey

Audrey revient me voir.

- L'autre nuit, je me suis réveillée avec une énorme douleur dans l'épaule droite, comme un pic qui s'enfonçait, et en même temps, je voyais mon père qui enfonçait une aiguille dans l'épaule d'une poupée...

J'ai eu du mal à me rendormir, j'étais terrifiée. Le matin j'ai ressenti une fatigue dans l'épaule, mais plus de douleur.

Ce genre de "rêve" ou vision laisse entendre au sujet que quelqu'un pratique la "magie noire" contre lui. Personnellement, je cherche toujours une autre explication, totalement virtuelle, et en lien avec l'ego. Je suis certaine que le père d'Audrey aime sa fille (même s'il l'aime mal) et qu'il ne veut pas lui faire du tort. Je lui demande d'abord si elle peut encore voir l'image et de l'interroger.

Oui, c'est bien mon père et la poupée, c'est moi !

Je lui propose donc d'enlever l'aiguille.

C'est bon. Il y a maintenant un trou.

Elle se met à pleurer.

- Je vois un truc. Une ficelle. J'ai peur de l'enlever, si je la casse, ça va me faire vraiment mal... Ah ! C'est devenu un gros ver, il est en train de sortir...

L'image obéit donc à ma suggestion. Ce ne pouvait être que l'ego ! Mais bien entendu, il utilisait les dysfonctionnements du père pour empêcher Audrey de se libérer de lui. En effet, si on se trompe de cible, le pouvoir de l'ego reste intact.

Elle enlève le ver-ego, le brûle, puis elle soigne le trou, la chair redevient rose et se referme. La douleur disparaît...

Voici mon explication : Audrey voit son père avec un regard plus objectif, et cela la fait souffrir de le découvrir ainsi. Son ego, en embuscade derrière tout problème, le saisit et s'en nourrit, mais cela se fait forcément à son détriment. Beaucoup de douleurs physiques ont une origine relationnelle douloureuse, et l'ego intériorise cette souffrance pour en faire quelque chose de physique, musculaire ou articulaire.

Il est tout à fait naturel que cette jeune fille ait un cordon avec son papa, mais elle a aussi l'âge de le couper : L'adolescence devrait toujours déboucher sur cette coupure qui signifie "liberté", et jamais "rupture". Car c'est justement parce qu'on ne l'a jamais coupé que les relations se détériorent avec le temps. On ne peut accepter ses parents tels qu'ils sont si l'on n'a pas grandi, s'il reste en soi un petit enfant en demande affective.

Audrey est en train d'accomplir ce travail à l'âge où nous devrions tous le mener à bien. Et, selon mon expérience, si l'inconscient est le maître d'oeuvre, cela se fait naturellement et débouche sur la véritable liberté affective.

(à suivre)