Science et Conscience 1

La 2nde partie est accessible à la fin de ce dossier.

Contenu.

Ce dossier est la première partie d'une analyse qui en comporte quatre. Les trois autres sont accessibles à la fin de chacun d'eux en cliquant sur leur titre.

Cette approche cherche à faire apparaître des parallèles et des convergences entre la science et la spiritualité. J'essaie de démontrer que notre vision des choses est directement liée à des connaissances parcellaires et subjectives. L'objectivité totale doit tenir compte du regard de l'observateur. En ce sens, la physique quantique apporte un élément essentiel non seulement à la science, mais à tous les domaines de la vie pratique, ainsi qu'à toutes les religions.

Quand nous serons pleinement conscients de notre humanité, nous ne la bafouerons plus par des comportements indignes. En respectant autrui, nous découvrirons que nous nous respectons nous-mêmes. Nous mettrons l'être humain au centre de toutes nos décisions. La science, la philosophie, la psychologie, la spiritualité, la politique... et la vie quotidienne auront toutes le même but, l'épanouissement, le bien-être de l'homme. C'est alors que nous deviendrons les dieux que nous sommes depuis toujours, sans pouvoir en faire l'expérience...

Première Partie

Dieu des fourmis, Dieu des étoiles. (Editions France Loisirs)

Ce livre de Rémy Chauvin, biologiste, pose de vraies questions sur la création et le créateur. Cela est assez rare, de la part des hommes de science, même si c'est de plus en plus courant. En effet, au fur et à mesure que leurs connaissances augmentent, la plupart reconnaissent que chaque découverte pose des questions supplémentaires, au lieu d'apporter des réponses définitives.

Les réponses définitives ont toujours été données par les théologiens, et on sait bien aujourd'hui, les dégats que cela a causé... et cause encore. En fait, cela vient de la certitude que l'on sait tout des desseins de Dieu, qu'on a tout compris, et que, par voie de conséquence, on n'a plus rien à ajouter ou à comprendre. Il en découle la sclérose de l'intelligence, la suprématie du dogme au détriment de la tolérance et de l'ouverture du coeur. Pourtant, les Ecritures nous avertissent : "Les voies de Dieu sont impénétrables." Tous les chefs religieux manifestent leur arrogance lorsqu'ils dictent à leurs fidèles leur compréhension des textes religieux, sans tenir compte de cet avertissement, comme s'il ne valait que pour les autres, et pas pour eux. Cela leur permet de ne pas avoir à se justifier. "Crois et tais-toi." En politique, on appelle cela de la tyrannie, fondée sur l'interdiction de la liberté de penser.

Un conte oriental met en scène cette situation sous forme de parabole.

Dans un village où tous les habitants sont aveugles, on annonce la venue d'un éléphant. Personne ne sait ce que sait. Les sages se regroupent autour de l'animal et le touchent pour s'en faire une idée. L'un dit : "C'est plat et vaste, comme une couverture." Il a touché une oreille. Un autre affirme : "C'est lourd et pesant comme un socle de plomb." Il a tâté une patte. Un troisième s'exclame : "Pas du tout, c'est rapeux et large et plissé, comme une paroi verticale", parce qu'il a mis la main sur la cuisse de l'animal. L'éléphant est également décrit comme un tuyau par celui qui a exploré sa trompe, etc... etc...

Cette histoire est très ancienne. Elle semble affirmer que chaque religion détient une partie de la vérité, et seulement une partie. Voici une autre allégorie, moderne, celle-ci, que Rémy Chauvin cite dans son livre. Elle ressemble un peu à la caverne de Platon, mais - étrangement - elle a quelque chose à voir avec la physique quantique, qui pose le problème du temps et de la conscience.

L'apologue de Fondi, cité par Rémy Chauvin (p.231).

"Supposons donc, dans la rue principale d'une petite ville, une longue colonne de soldats en marche. Dans cette rue, se trouve une maison, et dans cette maison, un malheureux, enchaîné depuis toujours dans une pièce sans fenêtre. Si la porte de la pièce s'ouvrait à l'improviste, l'homme verrait les soldats apparaître l'un après l'autre dans l'encadrement de la porte, pour disparaître par le côté opposé. L'homme n'étant jamais sorti de son trou, que peut-il comprendre du phénomène ? Puisque les soldats qui ont traversé l'encadrement de la porte ne sont plus visibles, le prisonnier pourrait se croire autorisé à soutenir qu'ils n'existent plus. Par contre, ceux qui ne sont pas encore passés devant la porte n'existent pas encore et n'existeront peut-être jamais. Après tout, il n'en sait rien...
Maintenant, supposons que le prisonnier se libère de ses chaînes, monte dans un avion, et observe de là-haut toute la scène. Notre homme embrasse d'un seul coup d'oeil l'ensemble de la colonne; ce qui lui paraissait subdivisé en trois classes de phénomènes absolument indépendants, (le passé, le présent, l'avenir) devient alors pour lui un événement unique. Et, comme le souligne avec juste raison Roberto Fondi, tout ceci revient à affirmer que les phénomènes naturels dépendent étroitement non seulement des causes passées, mais aussi de fins, ou plutôt d'anticauses futures..."

Autrement dit, le temps n'existerait pas, si l'homme n'était pas là pour le nommer et le décrire comme étant son expérience propre. Dans notre vision des choses, le temps n'a qu'une valeur relative, justifiée par la relativité de notre monde terrestre. Dans l'absolu, il est bien possible, effectivement, que le temps n'existe pas. Il ne serait donc plus représentable comme une ligne horizontale, avec un point de départ à gauche, et une flèche à droite indiquant un futur encore à naître, mais bien plutôt comme une ligne verticale, sur laquelle les événements sont piqués les uns sur les autres, comme les feuillets d'un agenda. Et tous les feuillets seraient disponibles au même moment - passé, présent, futur...

Cette image d'un temps vertical n'est pas de moi. Je l'ai trouvée dans le tome 2 des Conversations avec Dieu (Editions Ariane). Dans le tome 1, voici ce qui nous est dit, et qui vient corroborer les découvertes les plus récentes.

"Les événements, les incidents, les choses qui arrivent, les conditions, les situations, tout cela est créé par la conscience." (p.35)

Nous sommes très près de Rémy Chauvin, lorsqu'il affirme :

"Qu'est-ce qu'une mesure, si personne n'est là pour mesurer ? Ainsi déduit-on que la conscience de l'observateur est une condition du phénomène."

Mais cette conscience évolue. Notre regard sur les fourmis et sur les étoiles a changé, grâce à de nouveaux outils, permettant des expériences nouvelles et débouchant sur des connaissances inimaginables pour les générations précédentes.

Le problème s'accroît si on considère que la conscience n'a commencé à apparaître qu'avec l'homme.

Dans un monde totalement inconscient (animal), il faut supposer :

"l'existence de monades douées de quelque chose d'analogue à l'intelligence ou la volonté, pour sauvegarder l'existence des phénomènes."

Nous abordons là la grande question de l'existence de Dieu, exprimée ainsi par l'auteur :

"Comment nier qu'un programme soit à l'oeuvre dans la nature ?" (p.234).

Voici l'exemple qu'il donne à l'appui de cette remarque.

"Un jour, je m'émerveillais, au sein d'une foule nombreuse, devant la collection de papillons Frühstorfer, que le Muséum de Paris avait bien voulu acquérir. Je tombe en arrêt sur deux boîtes où sont rangés des genres voisins, dont j'ai oublié le nom, mais qui me restent en mémoire comme l'image même du ciel étoilé: bleu nuit, avec des taches claires évoquant les étoiles. Au bord de leurs ailes postérieures, un petit liseré rose marquait à mes yeux l'aurore en train de naître. Mais chez une espèce voisine, le liseré rose devenait plus large, puis plus large encore pour d'autres espèces. Au bout de la série, le papillon était entièrement rose, avec juste une bande de 'ciel étoilé' sur le bout des ailes antérieures. Muets de stupeur, nous regardions ces papillons. À l'évidence, ils nous racontaient quelque chose que nous ne comprenions pas. De quelque façon qu'on tourne le problème, tout implique qu'un programme, un projet est à l'oeuvre."

Je suis profondément d'accord avec cette dernière remarque.

L'approche symbolique. Mon travail sur les rêves m'a fait comprendre peu à peu que tout est symbole... Cela m'a amenée à la conclusion que toute la création a pour but de permettre à l'homme d'ouvrir les yeux sur lui-même, sur ce qu'il est vraiment. Car l'objectivité vis-à-vis de soi-même est la grande difficulté de l'auto-connaissance. Le sujet ne peut se voir en tant qu'objet. C'est pourquoi tant de gens sont aveugles sur leurs véritables fonctionnements. Mais si on comprend que l'innombrable diversité de la nature et des espèces qui y vivent sont en quelque sorte une représentation théâtrale de nos propres comportements, peut-être la connaissance de nous-mêmes sera-t-elle moins ardue...?

En ce qui concerne le papillon, il se trouve qu'il est un symbole de l'âme humaine. Mais, contrairement à l'interprétation classique, la chrysalide dont il finit toujours par sortir, ne représente pas notre corps, mais bien notre ego, qui ne puise sa réalité que dans la matière, et nous fait croire, par conséquent, que nous sommes cette matière. Or, ce magnifique insecte s'envole dans le ciel, qui symbolise encore notre âme, vue dans la liberté qu'elle génère, lorsque nous nous connectons à elle, en laissant de côté les valeurs de l'ego, tout comme le papillon laisse sa chrysalide derrière lui.... La description que Rémy Chauvin fait des ailes de ce papillon-là, est stupéfiante du point de vue de la symbolique. En effet, le ciel nocturne parle d'inconscience, alors que l'aurore symbolise la prise de conscience de soi-même. La progression qu'il décrit semble correspondre à la croissance de la zone consciente chez l'homme (dans l'âme humaine), croissance qui s'accompagne forcément de la réduction de l'inconscient. Tout le processus nous serait donc donné à travers ces espèces voisines de papillons. Mais bien sûr, ce processus ne concerne que l'homme. Simplement, la nature tente de l'aider à comprendre ce processus, en lui dévoilant ce papillon.

"L'évolution, a dit Teilhard de Chardin, est une lente montée vers la conscience."

L'organicisme.

Rémy Chauvin développe dans son livre la notion nouvelle d'organicisme, qui admet explicitement l'idée d'un projet qui nous dépasse, et dans lequel nous serions à la fois le moyen et le but de la création. L'organicisme s'est mis en place après la faillite du Darwinisme. Le hasard, affirme cette nouvelle conception, n'est pas défendable, et la théorie de l'économie de la nature, qui privilégie le plus fort ou le mieux armé pour survivre, ne tient pas, en face des observations récentes de la biologie moderne, elle-même pourtant née du Darwinisme. Quelle utilité, en effet, peut-on mettre en avant, en ce qui concerne le papillon décrit plus haut, pour justifer la progression du dessin de l'aurore et la régression du dessin nocturne sur ses ailes ? La complexité, l'inutilité apparente et le gaspillage, affirme Rémy Chauvin, sont les outils les plus fréquemment utilisés par et dans la nature, lorsqu'on observe sans a priori les innombrables espèces animales.

Aujourd'hui de nombreuses voix s'élèvent pour demander aux hommes de manifester enfin leur 'humanité', au lieu de se laisser conduire par la barbarie... selon le modèle animal.

En bref, ce n'est donc pas l'animal qui copie l'homme, mais l'inverse, et nous devons en prendre conscience si nous voulons choisir enfin d'être pleinement humains.

"Nous sommes devenus moins orgueilleux, moins absolus, à mesure que nous devenions plus savants. Nous avons compris l'importance de l'homme, et les portes noires se sont ouvertes. Il existe dans le monde une direction. Empruntons-la. Nous mènera-t-elle au Suprême et Subtil Ingénieur ?" (p.246).

Rémy Chauvin cite la définition de l'organicisme, selon Roberto Fondi (p.221):

"La forme la plus générale de l'organicisme peut être définie par cinq principes fondamentaux.

Rémy Chauvin s'empresse d'ajouter que même si cela est vrai, il n'empêche qu'il faut pourtant bien en passer par là, car l'approche préliminaire ne peut être qu'analytique... J'ajoute que la parabole orientale des aveugles examinant un éléphant est magnifiquement confirmée par ce discours 'scientifique', ce qui ne manque pas d'ironie. Il se pourrait donc qu'aucun domaine n'échappe à notre vision parcellaire des choses, qu'il soit d'ordre spirituel, scientifique, ou autre...

Dans les CAD (tome3, p.178), le principe numéro 1 de l'organicisme est ainsi exprimé :

"La totalité de toi est la magnificence même, mais tout ce qui est moindre que la totalité n'est pas magnifique."

Les 4 autres principes sont également confirmés par cette citation. Autrement dit notre vision étroite, subjective et parcellaire du monde correspond à une vision étroite, subjective et parcellaire de nous-mêmes. L'homme est un microcosme (un monde en miniature) et il a réduit l'univers à sa mesure. L'autre alternative est de s'ouvrir à l'immensité de cet univers afin d'accueillir en soi ses richesses et sa grandeur.

Cette approche débouche sur une autre explication du monde, qui est l'objet du prochain dossier.

 

Physique et conscience 2

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