LES PHOBIES et LES TOCs.

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La racine grecque, "phobos" signifie effroi. Ce mot entre dans la composition de nombreux comportements humains, tel que

- Francophobe ou anglophobe = hostile à la France ou à l'Angleterre.

- Photophobe = qui déteste la lumière. Certaines maladies de l'oeil rendent le sujet photophobe, dans la mesure où il ne supporte pas la lumière, qui lui blesse les yeux (uvéite, ou kératite).

Il est intéressant de remarquer que l'origine de la haine ou de l'hostilité se trouve ici dans la peur (phobos=effroi). Le verbe grec misein signifie haïr et a donné 'misogyne' (=hostile aux femmes)... La misogynie semble effectivement être davantage fondée sur le mépris que sur la peur.

La racine contraire "philos", (= ami), indique par conséquent le comportement opposé, qui consiste à aimer quelque chose. Par exemple, le francophile aime la France, et le philosophe a l'amour de la sagesse (sophia).

Notre vocabulaire familier épingle facilement des 'phobies' très répandues, comme avoir peur du noir, des étrangers, de l'inconnu, de tout... Tant que cela reste gérable, on utilise l'expression 'avoir peur de'. La psychiatrie moderne a fait apparaître les excès de ce comportement, en le traitant de phobique. On a identifié la claustrophobie (peur d'être enfermé), ainsi que son contraire, l'agoraphobie (peur des grands espaces).

Puis, toutes sortes de phobies ont commencé à voir le jour, très souvent liées à des insectes ou à des animaux.

Voici la définition du Larousse.

Phobie. Crainte déraisonnable à l'égard d'objets, de situations ou de personnes bien définis, dont le sujet reconnaît le caractère injustifié, mais dont il ne peut se débarrasser.

Il me semble que toutes ces aversions ou peurs instinctives se sont beaucoup développées dans notre monde moderne. Autrefois, cela touchait une frange si étroite de la population, qu'on pouvait parfaitement ignorer cette bizarrerie. Aujourd'hui, tout le monde sait ce que c'est, parce que tout le monde connaît ou a entendu parler de quelqu'un de phobique.

Les traitements.

On parle surtout aujourd'hui de thérapie comportementale. Cela consiste à familiariser le sujet phobique avec l'objet de sa phobie, jusqu'à ce qu'il l'apprivoise. Par exemple, si on a la phobie des araignées, tous les entretiens seront fondés sur le raisonnement, avec expérimentation pratique. On regarde une mygale, petit à petit, on réussit à la toucher, on se rend compte à la longue qu'elle est inoffensive. (?)

Le but est rarement atteint, pour une raison très simple, c'est qu'on cherche à guérir un comportement irrationnel, grâce à une approche rationnelle. Le raisonnement ne peut rien contre l'obsession, on le sait pertinemment, mais on n'a pas d'autre outil, et donc, on continue à l'employer. Cette technique est en fait la base de toute la psychiatrie, et c'est en même temps son maillon faible, puisque les résultats sont maigres. Une approche plus psychanalytique est aussi parfois proposée, qui met en scène les parents (surtout la mère), en les rendant responsables de tous les problèmes de leur enfant.

La mère d'un jeune homme, qui accompagnait celui-ci, m'a dit lors du premier entretien. "Tous les psys, tous les psychologues que nous avons vus, nous ont dit la même chose. C'est l'Oedipe, c'est l'Oedipe. Très bien, mais que fait-on avec ça? Rien ne change, rien n'évolue. À quoi cela nous avance-t-il?"

Petit rappel de ma méthode, l'egostracisme.

J'ai identifié, grâce à ma pratique, un ennemi intérieur, que nous portons tous en nous, et que j'appelle l'ego. Cet ego se nourrit de notre ignorance vis à vis de lui. Car si nous sommes vraiment deux à l'intérieur, il est indispensable de permettre à notre véritable identité de récupérer le pouvoir. Pour cela, il faut l'enlever à cet autre, qui est en nous, et qui commet d'innombrables abus, tout simplement parce que nous croyons être lui. C'est ce qui lui permet de faire ce qu'il veut, et d'agir à notre place. Sa loi, inique, est toujours basée sur la peur. Ma méthode consiste à le frapper d'ostracisme, c'est-à-dire à l'exclure du pouvoir. C'est l'egostracisme.

Manifestations de l'ego.

L'ego peut prendre n'importe quelle forme à l'intérieur de soi, entre autres des formes animales. Il est en effet ce qui nous reste du règne animal, et c'est la raison pour laquelle il est souvent symbolisé par un de ses représentants. Du reste, dans le mot règne, il y a l'idée du pouvoir. Qui règne à l'intérieur de nous ? Est-ce notre animalité (bestialité et bêtise viennent du mot bête), ou est-ce notre humanité qui désigne à la fois la race humaine, et les qualités humaines?

Dans tous les cas, il faut bien comprendre qu'un animal ne peut raisonner correctement à l'intérieur de soi, et qu'il pervertit donc les fonctions intellectuelles d'un être humain, lorsqu'il se mêle de les utiliser à sa place. Il lui est impossible d'en faire un bon usage. C'est comme si on demandait à un chat ou à un chien, de diriger notre vie, de prendre nos décisions. Mais ce sera pire encore si l'animal en question est un serpent, ou un fauve, ou un insecte... Ici, pas de raisonnement possible. C'est l'instinct à l'état brut, et la réaction dont la violence peut être dangereuse. Il peut y avoir aussi un côté obsessionnel, automatique, totalement dépourvu d'intelligence, qui explique complètement l'enfermement dans lequel se trouvent les personnes atteintes de TOCs (=Trouble Obsessionnel Compulsif).

L'ego, source des TOCs.

Les victimes de TOCs ont beau se raisonner, elles ont beau savoir que ce qu'elles font est stupide, elles sont incapables d'arrêter leur geste obsessionnel, répétitif, parce qu'elles sont identifiées à cet autre, qui est en elles, et qui gouverne à leur place. Les thérapies traditionnelles leur sont de peu de secours, puisqu'elles ne leur permettent pas de comprendre la racine du problème. La lutte est épuisante, lorsqu'on se bat contre quelqu'un, croyant que c'est le coupable, alors que le vrai coupable est juste à côté, et continue à agir, du coup, impunément. Or, ces personnes le disent clairement, elles se battent contre elles-mêmes. C'est l'erreur fondamentale, car elles devraient se battre contre leur ego, qui n'est en aucun cas leur véritable identité.

Dans le monde animal, où le fonctionnement basique est la chaîne alimentaire (=le plus fort mange le plus faible), la peur est une pulsion naturelle, dont le but vise la survie. L'homme qui accorde à son ego-animal un droit de cité dans son propre monde intérieur, se soumet en même temps, sans le savoir, à la loi du plus fort, qui est la seule que les animaux reconnaissent. Or, nous sommes tous dans ce cas de figure, et malheureusement, nous l'ignorons, ce qui donne en vérité à l'ego le pouvoir de nous commander.

Tout animal est soumis à un programme intérieur, dont il ne peut pas sortir. Ce programme va lui permettre, selon le cas, de se nourrir, de se défendre ou d'échapper à ses prédateurs, de construire son nid et de se reproduire. Il est parfait pour lui. Mais il est forcément inadapté pour un être humain. Pire, le fait d'être à l'intérieur d'un homme va lui permettre de sortir de son programme initial, en utilisant les capacités humaines pour son usage personnel, ce qui a pour résultat de les dénaturer.

Voici un exemple possible. Si l'ego de quelqu'un décide de s'identifier à une grenouille, il obligera son coéquipier à passer un temps fou dans la salle de bain, tout simplement parce qu'il aime l'eau. Que cela gêne horriblement l'être humain qui co-habite avec lui dans le corps, n'est absolument pas son problème. Le TOC qui en résulte sera la manie de se laver les mains cinquante fois de suite, ou de prendre des douches qui durent des heures.

Les animaux ont tous un comportement pré-établi, répétitif, qui leur est nécessaire, car il leur donne l'intelligence de résoudre les problèmes qu'ils rencontrent, dans le cadre de leur espèce. Tout animal, tout insecte, va instinctivement vers ce qui lui est le mieux adapté.

L'homme est le seul être vivant à avoir une zone consciente, qui lui permet non seulement de choisir le fonctionnement le mieux adapté à ses besoins, mais aussi et surtout, de l'inventer. C'est le côté créatif de l'humanité, qui s'oppose totalement au côté répétitif, réactif des autres êtres vivants. L'ego réagit. L'âme crée (agit). Lorsqu'un être humain laisse son ego prendre le pouvoir à l'intérieur de lui, il court le risque de se soumettre à la volonté de son ego animal, qui le coince alors dans ce que l'homme ressent comme une obsession, parce que son ego le vit ainsi. Il accomplit alors une idée fixe, qui vient de son ego.

L'ego, source des phobies.

La situation est la même en ce qui concerne les phobies. La seule diffférence, c'est que le TOC fonctionne sur un geste compulsif obsessionnel, alors que la phobie fonctionne sur la terreur irraisonnée d'un animal la plupart du temps inoffensif (si on le laisse tranquille, ou si on sait l'éviter).

La peur est le fonctionnement de base de l'ego. Lorsque règne la loi du plus fort, c'est inévitable. Chez tous les animaux, la peur fait partie des instincts de survie. En effet, même si aucune autre espèce ne les met en danger, ils doivent se soumettre au mâle (ou à la femelle) qui domine le clan.

On peut donc dégager de cette analyse deux fonctionnements distincts chez l'homme, dont l'un est basé sur la peur, l'autre sur la soumission / admiration / adoration. Cela va créer des personnes phobiques vis-à-vis de certains animaux, et à l'autre bout du spectre, des personnes qui les vénèrent, comme les Ophites, adorateurs du serpent (secte gnostique des premiers siècles après J-C), ou les Indiens d'Amérique, soumis à l'animal représenté sur leur totem.

Entre ces deux extrêmes, il y a ceux qui les élèvent, les nourrissent et les protègent, parfois contre tout bon sens...

Voici un exemple fréquent. L'ego d'une personne s'est identifié à une araignée. Cela peut donner un élevage de mygales. Mais cela donne beaucoup plus fréquemment une phobie, dont voici une explication possible.

En tant qu'araignée, l'ego court le danger permanent d'être écrasé. La terreur qu'il ressent, il la communique à la personne à l'intérieur de laquelle il habite, et celle-ci ne la ressent bien entendu que lorsqu'elle voit une araignée. Le principe de la projection fonctionne alors à plein régime. Si cette personne s'identifie à son ego, elle court le danger d'être écrasée, et donc de mourir. La terreur qu'elle ressent est celle de son ego. Mais elle projette cette terreur sur l'araignée, ce qui prête à celle-ci le pouvoir de la tuer. Du coup, le sujet est incapable de se défendre, et l'araignée échappe à tout danger dehors.

Or seul, son ego poursuit le but de le détruire, dedans. La véritable araignée est totalement inconsciente de ce qui se joue en réalité. Malheureusement, la personne phobique aussi.

La phobie peut donc fonctionner dans les deux sens. L'ego est terrorisé, et communique sa terreur au sujet. Mais en même temps, il est celui qui utilise cette terreur pour détruire le sujet, car lui seul est un danger pour l'être humain. Les deux pistes ne sont pas exclusives l'une de l'autre, au contraire, elles sont probablement mêlées de façon inextricable.

Cette analyse est globale, et par conséquent, elle a ses limites, car elle n'explique pas pourquoi l'ego s'est identifié à une araignée. Seule, une investigation avec le sujet peut permettre de répondre à cette question, ce qui est peut-être indispensable pour le libérer complètement de sa phobie.

Cela ne se traduit pas toujours par une phobie ou un TOC. Cela peut se manifester par une passion pour un animal. Par exemple, le différend qui oppose actuellement les bergers aux défenseurs du loup trouve très probablement sa source dans l'ego de ces derniers, qui s'est identifié à un loup. C'est donc celui-ci qui commande, lorsque son intérêt passe avant celui des brebis, car il semble évident, avec juste un peu de bon sens, que les troupeaux devraient avoir la priorité. L'homme est un loup pour l'homme, dit le proverbe latin, et le lycanthrope n'est pas seulement une légende. C'est vrai, surtout quand l'ego se prend pour un loup.

Il peut alors déchirer l'âme de son co-équipier (folie ou suicide), il peut aussi agresser son voisin (meurtre), mais il peut aussi se borner à protéger les loups, ses confrères extérieurs, qui n'ont rien à voir dans l'histoire, puisqu'ils vivent leur vie de loups, à la marge des hommes, et se permettent ce que ceux-ci leur permettent. Actuellement, on leur donne des droits que les hommes des siècles précédents se sont battus pour leur enlever.

Pour donner un autre exemple, je n'ai rien contre les souris, mais si l'une d'elles vient s'installer chez moi, je lui donnerai quelques grains empoisonnés, car je ne l'avais pas invitée. Les défenseurs des animaux ne me comprendront peut-être pas. Toutefois, si un couple de souris niche dans leur cuisine, ils seront sans doute bien obligés de faire appel à un dératiseur, au bout de quelques semaines. N'est-il pas préférable d'arrêter le processus quand leur nombre se limite à deux? Les tenants du loup auraient peut-être un autre discours, s'ils étaient bergers. Du point de vue de la symbolique, il est éclairant de savoir que la souris est un autre symbole de l'ego, tandis que la brebis est le symbole de notre âme.

Les gens qui aiment les animaux à l'excès manifestent souvent par là que leur ego les dirige. Ce sera le cas s'ils sont très négatifs vis-à-vis des êtres humains, les critiquent sans cesse et les condamnent sans appel. Une femme m'a dit un jour qu'elle s'arrêterait pour secourir un animal en difficulté, mais qu'un être humain dans la même situation la laisserait indifférente. Cette attitude trahit le gouvernement de l'ego, qui choisit de porter secours à ses congénères, et se détourne totalement des hommes dehors. Mais attention, dedans, c'est la même chose. Cela signifie que l'ego de cette personne n'a aucune considération pour elle, et que son bien-être lui importe peu. Elle se détourne des autres dehors, et d'elle-même (=de son âme) dedans.

Les gens qui maltaitent les animaux ne sont pas un meilleur modèle... car la haine vient de l'ego, qui n'est jamais de bon conseil. Tout est une question d'humanité. Celui qui passe sa colère sur son chien manifeste par là que son ego est capable de maltraiter un proche, le plus proche étant lui-même.

Dans le rêve qu'on a vu plus haut, le chien était un aspect de la rêveuse. Il faut donc toujours être prudent, et tenir compte du contexte. Il est préférable de proposer une piste d'interprétation, sous forme de question, que ce soit un rêve, un comportement ou un événement, de façon à laisser le sujet libre de trouver sa propre réponse.

En ce qui concerne les animaux familiers, il s'agit rarement de l'ego. L'animal étant personnifé (c'est souvent le bébé de la maison), il a toute chance de symboliser le rêveur lui-même, ou un proche auquel il est attaché.

  1. Note. On pourrait pourtant ajouter que le respect de la vie, qui pousse les bouddhistes à ne pas manger de viande ou à ne pas écraser un insecte nuisible, révèle par cet excès même, qu'ils ne suivent pas la Voie du Milieu. Car la vie que nous devons respecter, c'est celle de notre âme, contenue dans chaque être humain. C'est donc la vie humaine qui est sacrée.

Bref, beaucoup de fonctionnements humains sont explicables, grâce à ce constat que nous sommes deux à l'intérieur. Tous nos dysfonctionnements viennent de l'ego. Tous nos comportements humains viennent de notre âme. Pour cela, il faudrait d'abord reconnaître l'existence de l'ego, c-à-d en parler à la maison, l'enseigner à l'école primaire, au collège, au lycée, à l'Université, dans les hôpitaux psychiatriques, les Facultés de médecine.. et les Séminaires de théologie. Sans oublier les médias.

L'humanité s'épanouira dans la joie et la paix, lorsque nous aurons tous chassé notre ego de notre monde intérieur. C'est mon hypothèse de travail, que je vérifie régulièrement dans la thérapie basée sur l'egostracisme.

On peut supposer qu'alors, il n'y aura plus de TOCs ni de Phobies... ni de troubles mentaux d'aucune sorte....

...Ni d'injustice, ni de haine, ni de délinquance, ni d'abus de pouvoir, ni de disputes, ni de guerres.... La liste est longue, et je vais m'arrêter là. Le lecteur qui le désire peut consulter dans le Menu les dossiers qui l'intéressent.

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Note. Les renvois au Lexique ne sont pas tous pertinents. Je les ai quand même proposés, afin que le lecteur comprenne bien qu'un dictionnaire des rêves doit être utilisé avec prudence. C'est le discours conscient du rêveur qui doit être le premier support de l'interprétation du rêve. Le dictionnaire ne peut que donner des pistes de réflexions, et il peut arriver qu'aucune ne convienne.

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