Analyse psychanalytique de trois livres ou romans

1. Accession de l'enfant à son statut d'être humain.

La naissance de la zone consciente. On peut dire, sans grand risque de se tromper, que la zone consciente d'un enfant s'installe avec un événement suffisamment marquant pour qu'il le fixe définitivement. Ce sera son premier souvenir. Plus tard, il pourra le raconter, justement parce que son langage était déjà assez développé pour garder l'événement en question dans sa mémoire. Par là même, le petit d'homme passe de l'animalité (l'inconscience totale) à l'humanité (accès à la conscience).

Cette approche est étrangement corroborée par l'autobiographie (de zéro à trois ans) d'Amélie Nothomb, "Métaphysique des tubes." (Albin Michel, collection le livre de poche).

Elle raconte en effet que, jusqu'à l'âge de deux ans, elle a été un "légume" (sa vie était entièrement végétative).

Puis, sans qu'on puisse comprendre pourquoi, elle est devenue un monstre hurlant "la sainte colère de Dieu." "Aucun médecin ne trouva la clé du mystère." (page 23). Pendant six mois, ce ne furent que "Cris, rage, haine" (page 28). L'auteur parle de ce bébé comme d'un Dieu qui "sentait en lui un pouvoir gigantesque et s'offusquait de se découvrir incapable de l'exercer." Un événement va briser cet état: Sa grand-mère débarque de Belgique, et lui fourre dans le bec un morceau de chocolat blanc (p 30):

"... ça fond sur la langue, ça tapisse le palais, il (Dieu) en a plein la bouche - et le miracle a lieu. La volupté lui monte à la tête, lui déchire le cerveau et y fait retentir une voix qu'il n'avait jamais entendue : C'est moi ! C'est moi qui vis ! C'est moi qui parle ! Je ne suis pas 'il' ni 'lui', je suis moi ! Tu ne devras plus dire 'il' pour parler de toi, tu devras dire 'je'. Et je suis ton meilleur ami : c'est moi qui te donne le plaisir. Ce fut alors que je naquis, à l'âge de deux ans et demi, en février 1970, dans les montagnes du Kansaï, au village de Shukugawa, sous les yeux de ma gand-mère paternelle, par la grâce du chocolat blanc."

Cette naissance est celle du conscient. Avant, l'enfant est un petit animal sauvage. Après, il est un "petit d'homme." Son humanité est en effet directement liée à l'accès à la conscience, ce qui va lui permettre de réduire son ego à l'état d'un toutou inoffensif. Voici comment Amélie Nothomb l'exprime (p 32).

"En me donnant une identité, le chocolat blanc m'avait aussi fourni une mémoire : depuis février 1970, je me souviens de tout. (....) Avant le chocolat blanc, je ne me souviens de rien : je dois me fier au témoignage de mes proches, réinterprété par mes soins. Après, mes informations sont de première main : la main même qui écrit. Je devins le genre d'enfant dont rêvent les parents : à la fois sage et éveillée, silencieuse et présente, drôle et réfléchie, enthousiaste et métaphysique, obéissante et autonome."

Elle précise un peu plus loin qu'elle savait parfaitement parler (aussi bien le nippon que le français), mais ne voulait pas le révéler. Après avoir dit "maman" et papa", elle prononce son troisième mot "aspirateur", suite à sa rencontre avec ledit objet.

"L'appareil remplaçait le quelque chose par le rien : cette substitution ne pouvait être qu'oeuvre divine. J'avais le souvenir vague d'avoir été Dieu, il n'y avait pas si longtemps. J'entendais parfois dans ma tête une grande voix qui me plongeait dans d'incalculables ténèbres et qui me disait : Rappelle-toi ! C'est moi qui vis en toi ! Rappelle-toi !... Je ne savais pas trop ce que j'en pensais, mais ma divinité me paraissait des plus probables et des plus agréables." (p 40)

L'ego se prête admirablement à l'interprétation de ce passage. C'est lui, en effet, qui parle à l'intérieur de l'être humain, en lui faisant croire qu'il est Dieu (cela explique les perversions de toutes les religions, ainsi que l'impasse dans laquelle elles mettent leurs fidèles). Cette voix qu'elle entendait était bien, pour moi, cette volonté de l'ego de vivre à la place de l'être humain, sans s'occuper de savoir si cela lui convient ou non. L'auteur pose la question quelques lignes plus loin: "Que pouvait-il y avoir de plus divin que cet anéantissement pur et simple ?" L'ego, capable d'anéantir son âme, se projette sur l'aspirateur, qu'elle voit alors comme un frère.

Or, cette petite fille a vraiment un grand frère, qu'elle décrit comme "un mauvais sujet", toujours en train d'essayer de la faire enrager. Il faut savoir que l'ego, qui précède l'apparition de l'âme, est souvent symbolisé par le frère aîné. Ici, l'identification est parfaite, et explique de façon magistrale, la suite de ses souvenirs d'enfance. En effet, elle découvre que la carpe était le symbole des garçons, qu'on honorait durant le mois de Mai.

La projection est immédiate : Carpe = frère = ego = persécuteur. Comme ses parents se méprennent sur son intérêt à comprendre le sens de ces étranges équivalences, ils lui offrent trois carpes pour ses trois ans, avec l'honneur de les nourrir. Il faut lire le livre, bien entendu. Tout semble confirmer mon analyse. Nourrir ces carpes est un supplice pour elle (p 144) à cause de la voix qui lui susurre des horreurs.

"Ces derniers temps, tu as eu l'impression glorieuse d'évoluer, de devenir de la matière pensante. Foutaise. La bouche des carpes te rendrait-elle si malade si tu n'y voyais ton miroir ignoble ?" Elle laisse parler la voix et finit par tomber dans le bassin. "La troisième personne du singulier reprend peu à peu possession du 'je' qui m'a servi pendant six mois. La chose de moins en moins vivante se sent redevenir le tube qu'elle n'a peut-être jamais cessé d'être." (p 152).

Ce suicide presque conscient marque la victoire de l'ego, chez une petite fille de trois ans. Curieuse de savoir ce que l'auteur adulte pouvait penser de cette analyse, je l'ai contactée, prête à la supprimer si elle me le demandait. Elle m'a répondu que cette interprétation lui convenait très bien.

Son histoire (certes originale) illustre à la perfection le développement d'un enfant. L'aspect "plante" ne dure souvent que quelques mois, est suivi par un comportement animal (= l'ego en train de se développer, et qui n'accepte pas ses limites), puis l'accès à la conscience aplanit la sauvagerie animale de cet ego dominateur (qui se prend pour Dieu), et le réduit à l'impuissance. C'est du moins ce qui est souhaitable....ce qui se passe d'ailleurs généralement... mais il y a parfois des ratés. L'ego est toujours prêt à reprendre du poil de la bête.

2. L'autisme

La Génétique.

Dans le cas des problèmes liés à la conception, on peut faire l'hypothèse que, dans le patrimoine génétique que les parents lèguent à leur enfant dans le spermatozoïde et dans l'ovule, se trouve un aspect de leur propre inconscient qui contient une souffrance vivante, susceptible de se manifester dans le fonctionnement psychique (ou même physique, qui sait ?) de leur futur bébé. À cela il faut ajouter que chaque spermatozoïde est différent (même chose pour l'ovocyte), si bien que dans une même famille, un seul enfant peut être porteur de la souffrance liée à la génération précédente... Les découvertes récentes de la psychogénéalogie pourraient apporter un début de confirmation à cette hypothèse. En effet, le contenu en question peut se déclarer dès la naissance, ou dormir pendant des années avant de se réveiller à la faveur d'une circonstance qui le réactive, si le cordon avec les parents n'a pas été coupé entre temps.

Comme on ne sait pas d'où vient l'autisme, cette piste-là pourrait être intéressante pour expliquer l'autisme précoce. Quand le bébé le manifeste dès sa naissance, il serait intéressant de demander aux parents quelle enfance ils ont eue avec leurs propres parents. J'ai eu l'occasion de le faire une fois. La maman d'un autiste de 20 ans m'a parlé de sa propre mère en des termes où la souffrance était encore présente.

"Elle m'interdisait de fréquenter les petites filles de mon âge. Je n'avais personne à qui parler..."

Si on retrouvait systématiquement ce type de situation à la source de cette maladie, on pourrait peut-être alors comprendre le fonctionnement de l'inconscient, et trouver la solution pour empêcher des maladies de cet ordre de se produire (=prévention), et peut-être même d'évoluer (=guérison), en traitant les parents avant la naissance, et en traitant l'enfant dès qu'il est assez grand pour raconter ses rêves. (Si on se réfère à Françoise Dolto, on pourrait même lui raconter l'histoire de ses parents dès que le diagnostic est établi, afin de le libérer du poids d'un vécu qui ne lui appartient pas, mais dont il serait malgré tout le dépositaire). Car cela signifierait que l'incommunicabilité vécue par les parents pendant leur enfance, se serait transmise à leur bébé par l'ovule ou le spermatozoïde. Et celui-ci en subirait la manifestation en étant incapable d'établir des liens normaux avec l'entourage.

Un témoignage écrit.

Dans le livre de Temple Grandin : "La vie d'une autiste" (Editions Odile Jacob), j'ai toutefois cherché en vain une explication de ce type. L'auteur ne parle jamais des relations de ses parents avec leurs propres parents. En revanche, elle donne de nombreux détails sur son fonctionnement intérieur, tout en précisant qu'il reste un mystère pour elle-même. Personnellement, j'ai le sentiment que ce qu'elle dit apporte une confirmation à mon hypothèse sur l'ego.

"J'avais six mois quand ma mère s'est rendu compte que je n'étais plus câline et que je me raidissais quand elle me prenait. Quelques mois plus tard, maman a essayé de me prendre dans ses bras, et je l'ai griffée, comme un animal pris au piège." (p.35).

La comparaison me semble pertinente. L'ego est un animal, et dans certains cas extrêmes, l'être humain à l'intérieur duquel il se trouve ne réussit pas à le mâter. Dans le cas d'Amélie Nothomb, l'ego se prenait pour Dieu. Sa puissance était redoutable, mais il lui a peut-être laissé le droit à la parole - parce que lui-même parlait...? Dans ce témoignage-ci, l'ego est nettement animal. L'accès à la parole devient plus difficile, mais cela n'empêche pas les "obsessions" successives de l'auteur pour une machine qui réussirait à lui "dispenser du bien-être", grâce à une "pression" qui lui aurait évité de piquer une colère. Je traduis = Contrôler son ego-animal = libérer son âme-humaine.

Cette traduction prend tout son sens avec l'invention de l'auteur, qui a réussi sa vie professionnelle dans le domaine des animaux de boucherie. Elle a en effet, inventé une "trappe à bétail" = "une machine à serrer" = "une trappe de contention" qui permet d'immobiliser les animaux dans les abattoirs, en leur évitant le stress. Elle a construit pour elle-même un appareil du même type, sur lequel elle se pose les questions suivantes (p 137).

"Comment un appareil souvent dur et rude pour le bétail pourrait-il aussi faire naître la douceur et la compassion ?" ou encore "Comment un appareil pouvait-il à la fois asservir une bête et faire naître l'amour de son prochain ?"

Certes, l'explication que je propose reste une spéculation tant que le sujet lui-même ne l'aura pas entérinée. Mais le parallèle est troublant entre mon discours sur la dualité humaine "homme / animal", (ou "âme / ego", ou encore "ange / démon") et les mots que l'auteur emploie d'instinct sans connaître cette double personnalité. Pour elle, elle est un bloc indissociable. Elle ne fait pas la différence entre son âme et son ego, entre son identité humaine et son ennemi animal.

"Parfois, à l'intérieur de la machine à serrer, je me sens comme un animal sauvage qui a peur qu'on le touche. D'abord, je sursaute. Puis, petit à petit, je cède." (p.143).

Le concept global étant un moyen de contention, le sens est évident. Le Je qui parle, c'est son ego, ce n'est pas elle. Encore faut-il mettre des mots justes dessus, afin que le sujet comprenne vraiment ce qui se passe. C'est la condition nécessaire (probablement) pour que la victoire sur son ego soit définitive. En effet, comment combattre une instance que je crois être moi, et à laquelle je donne constamment le pouvoir sitôt que je m'identifie à elle? Si je me démarque d'elle, je peux réellement lui résister, et la réduire à l'impuissance devient alors possible.

L'auteur raconte aussi son obsession des portes (p.132-133).

"Dans ma vie, franchir une porte signifiait faire un pas en avant." Or, voilà qu'elle fait une fixation "sur une porte coulissante en verre à ouverture automatique". (...) "Des milliers de consommateurs passaient par cette porte de supermarché. Mais moi, devant cette porte, je tombais physiquement malade. Mes jambes tremblaient, la transpiration perlait sur mon front et j'avais un noeud à l'estomac. Je franchissais la porte en trombe, espérant laisser derrière moi ce malaise, mais il ne me quittait pas. (...) J'ai essayé de réfléchir de manière rationnelle à cette obsession. Qu'est-ce qui m'attirait, et pourquoi avais-je peur ? (...) C'est comme passer d'un état d'esprit à un autre..."

....se disait-elle pour se rassurer. Elle va mettre trois semaines pour réussir à la franchir sans angoisse.

En fait, j'ai le sentiment que l'explication se trouve dans le texte. Tout cela est symbolique, et elle le sait parfaitement (franchir une porte = faire un pas en avant). Mais ce qu'elle ignore, c'est la valeur précise du symbole. Dans un rêve, le verre symbolise l'âme humaine consciente, invisible, transparente et fragile... comme du verre. Par exemple, un rêve de verre brisé parle d'un événement qui a brisé l'âme du sujet. Franchir la porte en verre symbolisait donc tout le travail qu'elle avait accompli sur elle-même pour sortir de son autisme, et devenir pleinement humaine. Qui renâclait devant cette évolution? Son ego. C'est lui qui avait peur, et qui refusait ce passage. De même qu'elle l'avait "contenu" dans sa trappe à bétail, elle le forçait ici à la suivre et à lui obéir. Mais cela se faisait dans la confusion et la difficulté parce qu'elle ignorait qu'elle pouvait se démarquer de cette présence en elle, en passant d'un état d'esprit à un autre. Si elle l'avait su, cela aurait-il été plus facile? C'est possible, mais pour en être sûr, il faudrait faire des expériences de ce type avec des autistes confrontés à une obsession, trouver l'explication symbolique juste, et voir si cela les aide à maîtriser ou à dépasser leur fixation.

3. Conclusion possible.

Du témoignage de ces deux auteurs, on peut émettre l'hypothèse que l'ego agit dès la naissance chez certains individus. Si nous partageons l'ego avec tout le reste du règne animal, c'est qu'il nous est fourni dès la conception, en même temps que l'inconscient. Je m'interroge. Cela n'exclut pas la transmission des problèmes des générations précédentes, cela peut simplement être un cas possible, aussi...

Avec cette analyse, on peut reconsidérer le cas d'Amélie Nothomb. Si la douceur du chocolat blanc l'a précipitée dans une enfance "humaine" et épanouie, un discours permettant à la petite fille de se différencier du monstre hurlant qui était en elle, aurait-il pu avoir le même effet? Et cela lui aurait-il permis d'échapper à l'attraction morbide de sa noyade-suicide? C'est la question que je me pose en ce qui concerne tous les dysfonctionnements précoces... ou tardifs. Car l'ego se révèle beaucoup plus fréquemment dans le cours de la vie, qu'avant même d'avoir vécu.

Encore une fois, tout cela reste à vérifier. Dans la psychologie humaine, on a encore des découvertes à faire, surtout dans le domaine de la psychopathologie. Je fais en effet l'hypothèse que la guérison ne peut intervenir que si l'analyse du symptôme est correcte. Dans la mesure où la psychiatrie a peu de guérisons à son actif, elle commet probablement des erreurs quant à la cause des problèmes qu'elle est amenée à traiter.

4. Possession et prise de pouvoir de l'ego.

Qui nous 'possède' ? = Qui possède le pouvoir en nous ?

"Les esprits possessifs" est un livre d'Edith Fiore, une psychothérapeute américaine, qui traite de la possession. Son expérience est intéressante, dans la mesure où elle réussit à soulager des patients sous hypnose, en faisant sortir d'eux une "entité" qu'elle pense être l'esprit d'une personne décédée, qui ignore qu'elle est morte et s'est donc introduite à l'intérieur d'un vivant qui passait à sa portée. Je lui laisse la parole (Editions Exergue, p 198).

"La possession peut nous aider à comprendre les comportements aberrants, les problèmes physiques, émotionnels, mentaux et les troubles de la personnalité. Je me demande combien de patients placés dans des établissements psychiatriques sont, non pas des psychotiques, mais des possédés. Les voix qu'ils entendent sont-elles réelles ? Combien de souffrances physiques sont-elles la continuation de la douleur et des symptômes ressentis par un esprit, juste avant qu'il ne meure ?"

Elle-même n'est pas convaincue de la justesse de son explication, mais, voyant que "ça marche", elle continue à pratiquer la "dépossession". Personnellement, je pense que ce qu'elle appelle un esprit possessif n'est rien d'autre que l'ego du sujet.

"Je n'ai jamais, dit-elle, rencontré des esprits très évolués qui auraient pris possession des personnes." (p 197)

L'ego n'est pas évolué, puisqu'il vient du règne animal, et il se comporte toujours comme un ennemi. Mais quand on sollicite l'inconscient, il répond avec l'outil qu'on lui propose, si la symbolique est juste. Ici, effectivement, l'approche est juste, mais il faut en plus la traduire dans un discours faisant apparaître le véritable responsable, l'ego. L'auteur ne le fait pas, et cela explique probablement pourquoi...

..."certaines personnes semblent rester possédées, même lorsque le diagnostic est établi avec certitude. Rien n'y fait : ni les tentatives de dépossession, ni les recherches dans les vies antérieures, ni l'exploration des raisons pouvant motiver la possession, ni même l'aide des guérisseurs travaillant à distance et spécialisés dans ce type de dépossession." (p 201).

Elle précise également que parfois, il s'agit d'un enfant, ou des parents du sujet. Dans ces cas particuliers, bien entendu, les "entités" doivent être identifiées comme le petit enfant qui reste de l'enfance, ou le pouvoir des parents, dont le "possédé" n'a pas réussi à se libérer (qu'ils soient morts ou qu'ils soient vivants).

Selon ma propre expérience, l'ego peut prendre toutes les formes, divine, démoniaque, humaine, animale, végétale, ou même inanimée (par exemple un obstacle, une barrière, une arme, etc...). Il peut aussi se manifester sous la forme d'un kyste, d'un furoncle, d'une blessure, d'une maladie, que le sujet peut visualiser afin d'agir dessus virtuellement. C'est bien entendu alors son âme qu'il peut soigner. La question qu'il faut se poser, c'est de savoir si cette thérapie peut guérir le corps, aussi ? Ce qui est certain, c'est que le sujet se sent mieux, souvent immédiatement, quelle que soit la forme sous laquelle son ego s'est présenté.

Enfin j'ajoute que le code utilisé (= l'ego, ou l'enfant qui n'a pas grandi), apporte une réponse que je crois fiable à toutes les questions que se pose Edith Fiore. Mais il est également indispensable que le sujet comprenne pourquoi telle ou telle image lui est proposée par son inconscient. Son vécu, ses interrogations, sa vie intérieure, tout cela doit lui permettre de faire des liens avec sa situation psychique présente. Il doit comprendre ce qui s'est passé en lui, et pourquoi ça s'est passé ainsi. Il s'agit en fait d'un dialogue entre son inconscient et lui, qui débouche sur la connaissance de lui-même, grâce aux prises de conscience. C'est pourquoi le rêve recoupe à la fois la psychanalyse, la psychologie, la philosophie et la spiritualité.

Mon rôle se limite à celui d'une traductrice. Si j'ai correctement traduit, alors s'opère la libération du sujet.

5. Génétique et projections.

Comment expliquer les difficultés qui atteignent les enfants, parfois dès la naissance, à un moment où on peut supposer que l'ego n'a pas encore eu le temps de se développer ?

Le cordon autour du cou. Cette situation, très courante, peut apporter quelques éclaircissements. Certains enfants naissent avec le cordon qui les étrangle. Certes, peut-être est-ce un simple hasard. Mais on peut aussi penser que cela a du sens.

Le bébé serait étranglé par son cordon à cause d'une communication difficile ou impossible parents-enfant.

Bien entendu, l'enfant en question ne peut pas être le bébé de chair qui vient de naître, car personne ne sait encore quelle relation il aura avec ses parents. Mais il pourrait bien être le bébé venant de l'enfance, qui est resté incrusté dans l'inconscient du jeune papa ou / et de la jeune maman, vis-à-vis de leurs propres parents. Il se trouve que toutes les investigations que j'ai faites dans ce domaine (chaque fois que j'en ai eu l'occasion), ont donné le résultat escompté. Un des parents (ou les deux) ne pouvait s'exprimer avec son père ou sa mère (ou les deux). Cette incapacité à communiquer serait donc reçue par le bébé et affichée à ses parents par le cordon autour de son cou...

Cela pourrait signifier que la situation relationnelle avec les proches, quand elle n'est pas réglée, peut perturber même la vie des générations à venir. Or, pour la régler, il faut couper son cordon à l'âge adulte, et pour cela, je ne connais pas de meilleur moyen que le rêve.

Le cordon autour du cou n'est qu'un incident (encore que...), mais d'autres symptômes sont bien plus terribles, comme par exemple l'autisme dont j'ai parlé plus haut.

Si la souffrance des parents peut se transmettre à la conception, elle peut également être projetée sur leur enfant, sans qu'ils en aient conscience. Et les deux processus se combinent probablement souvent.

J'ai évoqué dans le dossier sur la psychiatrie les ravages de la projection à travers les relations belle-mère / belle-fille, enfant / beau-père, ou épouse / époux. Les projections peuvent aussi se faire dans le sens parent / enfant. Le vocabulaire psy peut être ici rapproché de la notion d'objectivité, si difficile à atteindre pour l'homme. Il ne peut être objectif, justement parce qu'il "projette" ce qui lui appartient sur autrui. C'est ce qui le rend subjectif. Dès qu'il ne projette plus ( = le retrait de la projection) il devient objectif, et son problème est réglé, tout au moins partiellement.

Grande règle psychanalytique : Tout ce qui est inconscient est projeté.

Projeté où ? Malheureusement, sur nos proches, et parmi eux, ceux que nous aimons le plus, nos enfants, dont le propre inconscient est bien incapable de refuser ces projections. C'est donc à nous de ne pas les faire, et pour cela, il faut d'abord en prendre conscience. Cette approche permet de cesser d'accuser les mères de tout, ce qui est le discours de la psychanalyse classique. Il me semble en effet qu'à la douleur d'avoir un enfant autiste (ou affecté d'un autre trouble), il est inhumain d'ajouter un jugement implicite (ou même explicite) de culpabilité. Tout est toujours de la faute des mères. Certes, elles ont un pouvoir incommensurable, mais ce pouvoir est surtout néfaste à l'âge adulte de leurs enfants, lorsqu'elles ne peuvent se résoudre à les voir grandir et qu'elles continuent à les traiter comme s'ils avaient 10 ans.... (Bien entendu, je ne parle pas des mères indignes, qui malheureusement existent aussi).

Beaucoup de choses se jouent de façon tout à fait inconsciente, entre un enfant et ses parents. Les mères sont plus souvent mises en cause que les pères, mais on voit bien que la relation directe ne peut rien expliquer, si on ne regarde pas derrière, c'est-à-dire dans l'inconscient... On découvre alors que les parents sont aussi victimes que leurs enfants de leurs propres contenus inconscients. Or, passer du statut de coupable à celui de victime enlève une lourde culpabilité fondée sur une grave injustice... Le confort est souvent immédiat. (Il ne faut pourtant pas oublier que la projection peut parfaitement se faire (et se fait souvent) sur des objets. L'histoire de la porte en verre, citée plus haut, est un bel exemple de projection inconsciente sur quelque chose qui symbolise la difficulté du sujet). L'avantage de cette approche, c'est que décrypter le sens de la projection permet de comprendre en même temps la source du problème.

Xeroderma Pigmentosum. Pour donner un autre exemple du même ordre, on peut évoquer cette "maladie orpheline" qui consiste à être brûlé par le soleil de façon grave, sitôt qu'on y est exposé. Il n'y a pas d'autre remède que de sortir avec une combinaison qui fait ressembler l'enfant à un astronaute. Je serais curieuse de connaître la relation des parents de ce type d'enfants avec leur père. En effet, le soleil est un symbole du père. Dans ce cas, le père en question serait tellement négatif (ou l'aurait été), que la peur serait intacte dans le coeur du jeune parent. Cette situation inconsciente (mais pourtant parfaitement connue) serait soit "contenue" dans l'une des deux cellules utilisée à la conception, soit "projetée" sur le bébé et reçue par lui sans défense aucune, soit les deux en même temps. Il le manifesterait alors à travers une peau capable de brûler sous les rayons de soleil, comme son père (ou sa mère) avait "brûlé" sous un regard paternel impitoyable.

Je parle au conditionnel, et seule une investigation auprès des parents de ces enfants pourrait dire si cette hypothèse peut être confirmée. Cela pose deux questions.

- Est-ce que la libération du parent concerné vis-à-vis du grand-père, pourrait libérer le bébé de sa maladie ?

- Est-ce que mettre des mots sur cette situation, en expliquant à l'enfant que cela ne le concerne pas, que c'est le problème de ses parents et de ses grands-parents, pourrait rendre le soleil inoffensif?

Les allergies. Un exemple assez répandu de ce genre de transmission / projection concerne les enfants qui, tout petits, se mettent à refuser le lait. Comme s'ils avaient soudainement une sorte d'allergie au lait. Le lait étant un symbole maternel, (si l'amour de leur maman n'est pas à remettre en cause), il faut chercher du côté de la relation entre les parents et les grands-parents (la grand-mère en l'occurence). Si celle-ci provoque un rejet (par ses exigences ou ses abus de pouvoir) chez la jeune maman et / ou le jeune papa, le petit enfant va recevoir ce rejet sous forme de projection inconsciente, et afficher ensuite à ses parents leur propre attitude vis-à-vis de leur(s) mère(s). Il ne supporte plus cette nourriture maternelle - le lait, parce que son papa ou /et sa maman ne supporte(nt) plus sa (leur) propre mère. Si ce rejet se manifeste dès la naissance, c'est peut-être qu'il était contenu dans l'ovocyte ou le spermatozoïde ayant présidé à la conception.

Remarque: Le cordon n'est nourricier que lorsqu'on est petit. Il enchaîne ou étrangle lorsqu'on est devenu adulte. Cette dépendance-là, chacun d'entre nous est susceptible de la subir, il faut en prendre conscience, car c'est une vérité très répandue. Les grands-parents ont un pouvoir démesuré sur la génération suivante. Bien entendu, ils l'ignorent, et ne le font pas exprès. Mais il serait grand temps que les parents se rendent compte du mal qu'ils peuvent faire à leurs enfants devenus adultes, en les aimant pourtant si fort. Et chacun d'entre nous est concerné, car nous avons tous été des enfants, et nous sommes tous appelés à être parents et grands-parents à notre tour...

Interpréter les signes. En ce qui concerne le rejet de certaines nourritures, un exemple vécu apporte une sorte de confirmation. Il s'agit d'une jeune femme violée par son oncle dans son enfance.Elle faisait à ce moment-là un refus total de la viande. Cet aliment la dégoûtait profondément, et bien sûr, on la laissait des heures devant son assiette... Or, symboliquement, la viande = la chair = le sexe. Quand je lui donnai cette équivalence, elle comprit immédiatement qu'elle était juste. C'était la relation sexuelle subie, qu'elle vomissait. Dans son cas, la symbolique a fonctionné. La particularité de cette approche, c'est qu'elle fait surgir de façon claire quelque chose que le sujet connaissait parfaitement mais qui restait caché, et ne se manifestait que de façon symbolique.

Toutefois, si le sujet n'entérine pas cette traduction, c'est qu'elle n'est pas pertinente. Mon approche est fondée sur le respect absolu de la personne. Si sa réponse est Oui, ma question lui a ouvert une porte, lui a fait faire un lien juste. Si sa réponse est Non, j'avais pris une mauvaise piste, et il ne me reste plus qu'à en chercher une autre. (La viande symbolise aussi "la chair de ma chair", c'est-à-dire nos enfants, et cette valeur-là est assez fréquente dans les rêves).

Ce dossier apporte quelques réponses possibles, mais il pose surtout beaucoup de questions. Les hypothèses formulées ici doivent être vérifiées avant d'être entérinées.

 

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